Voir les « kakous » de la piste me doubler en effectuant un wheeling, tout en me jetant un regard genre « eh, eh meuf ! Déposée ! et en plus, sur une seule roue ! », çà a fini par m’énerver, mais surtout, par réveiller la « kéké » qui sommeillait en moi…

Adeptes de sensations fortes et excité(e)s de la poignée de gaz, suivez-moi pour un cours dans une école pas comme les autres !

Les filles, ne me faites pas croire que vous n’avez jamais croisé un de ces motards, un tantinet frimeurs et taquins, qui manient aussi bien leur moto sur une, que sur deux roues ! Perso, j’ai fini par trouver ça plutôt agaçant… Du coup, ce fut pour moi, une très bonne excuse pour m’inscrire à un stage de stunt.

Enfin mes fantasmes et rêves de wheeling aux feux rouges allaient pouvoir se réaliser …

« Cassé ! » … le gros lourd qui astique sa poignée de gaz avec le regard provocateur … « Eh, ma p’tite demoiselle on fait la course ?! ».

« Epaté », que dis-je, « époustouflé », qu’il est le macho en cuir par le stoppie 180 pour garer direct sa meule, sans se faire chier à manoeuvrer et pousser pendant 5 mn quand tu as une taille de troll comme moi. Çà doit être rudement pratique !

Mais bon, revenons à la réalité …

La date était fixée au 16 avril, mais sera repoussée 3 fois de suite à cause de la météo pluvieuse. Hé oui, « par temps pourri, pas de stoppie ! » C’est donc 4 mois plus tard, quand le soleil aura finalement pris ses fonctions, que nous nous sommes retrouvés à quelques km de Paris, en compagnie de nos potes de piste, Mel et Guigui, et de deux autres excités de la poignée tout aussi novices que nous en acrobaties motocyclistes (#stunt#préservonslalanguefrançaise).

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Notre aire de jeu pour la journée : une portion de route au milieu des champs de maïs. Pourvu qu’on ne finisse pas comme du pop-corn … éclaté !

Notre professeur du jour, Marco.

Le chef d’établissement de cette école: Franco Luzzi, un personnage haut en couleur est encore plus bavard que moi. (si, si, c’est possible!) Un caractère bien trempé, mais plus que tout, une personne passionnée et d’une grande générosité.

Nos destriers mécaniques : une Honda CB 500 , une Suzuki GSXR 1000 et une Suzuki SV 650.

Nous voilà donc en place, à boire les paroles de notre coach sur la technique que nous allons utiliser pour cabrer cette CB 500 : « la cirette ». En théorie, cette technique consiste à utiliser l’embrayage en première. Débrayer, accélérer jusqu’au régime moteur qui dispose du plus de puissance et relâcher l’embrayage au point de patinage d’un coup.

Trop easy ! J’ai tout compris, ça ne m’a pas l’air bien compliqué ! je vais la faire fumer la CB !

Sauf que dans la pratique, ce ne fut pas aussi simple que sur le papier ; encore moins avec une CB dont on n’a pas encore trouvé le code. Bien écouter, comme nous l’a martelé en tête Franco, ne fut pas suffisant. Il aura surtout fallu trouver « le bon feeling » et « le parfait timing » pour réussir à enfin lever cette petite Honda, qui m’a parue s’être transformée en enclume ;-)

Le prof : « C’est pas mal, mais là tu vois, tu as relâché trop vite l’embrayage… » 

Ok, je recommence…

« C’est presque ça, mais là tu vois, faut que tu montes encore un « chouïa » dans les tours… »

Ok, je recommence…

« C’est pas mal, mais là tu vois, tu as relâché trop lentement l’embrayage… »

Mais putain, c’est quand que ça lève ce truc !!!!!!! Ok, je recommence…

Bref, à chaque fois t’es pas loin, mais tu restes toujours collée au sol !

La seule consolation du moment fut de voir que nous étions tous dans la même galère. Hé oui ! … Les mecs, vous pensiez pouvoir vous la péter direct sur une roue en nous gazant ; hé ben non ! Pas besoin de gros bras pour lever une bécane, mais de doigté !

Le prof : « Bon c’est pas grave, de toute façon cet après-midi avec le SV vous allez tous réussir, c’est vraiment difficile la cirette avec une CB 500 ».

Tu vas voir comment je vais me la faire la cirette et mieux que celle du plancher, on m’appelle « chiffonnette » moi Monsieur !

Alors j’ai recommencé encore et encore… jusqu’au moment où le miracle s’est produit : la CB a décollé ! Enfin… décollé, c’était mon ressenti, car sur la photo, la roue avant était à peine à 5 cms du sol, alors que moi, j’avais l’impression de m’être transformée en Sarah Lezito ;-)

Exactement le même effet que les débuts sur circuit, quand tu essayes de déhancher et de poser le genou pour la première fois : tu as le sentiment d’être littéralement couchée au sol alors que la photo te ramène à la dure réalité, te prouvant que finalement tu es plus proche de la verticale que de l’horizontale.

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À ce moment là, tu vois tous les potes au fond, bras en l’air et euphoriques, qui paraissent autant libérés que toi, mais qui en vrai doivent se dire : « p***** si une meuf y arrive c’est pas possible que j’y arrive pas » ;-)

Même à quelques centimètres du sol, le plaisir est incroyable et surtout, le « bon timing entre l’accélération et le lâché d’embrayage » est trouvé ! Après c’est simple, tu passes le temps qu’il te reste avant le déjeuner, en aller-retour sur une roue !

Réussite complète grâce à nos super coachs car, avant la fin de la matinée, nous avions tous réussi à la lever cette CB.

C’est donc tout naturellement, que l’un de nos compères s’est proposé d’aller chercher la graille au McDo et s’est empressé de remonter sur son Z 750 … en wheeling bien évidemment. En attendant, nous prenions les paris sur la durée de vie restante de son embrayage et sur la tronche de mon Sunday caramel à son retour ;-)

Déjeuner avalé, on étaient tous « chaud patate » pour attaquer la deuxième leçon : le stoppie !

Enfin, presque tous ! « Euh, nous en fait, on va continuer à s’entraîner sur les wheelings, on le sent pas trop le stoppie »… Mdr, les petits joueurs !!!!

Il est vrai que lorsque tu écoutes les explications du coach pour effectuer « en toute sécurité » un stoppie, tu commences à te poser sérieusement la question : « finalement quel est l’intérêt de cette figure au quotidien, si ce n’est de risquer de te prendre ta meule sur la tête ? »

En tout cas, nous les filles nous n’avons pas perdu une miette des explications. Pour cette technique, qui nécessite d’arriver avec une certaine vitesse puis, ensuite, d’effectuer un gros freinage, c’est sur la GSXR 1000 que nous allions effectuer nos cabrioles !

Retour à la case départ et successions de freinages : trop court, trop long, pas assez appuyé, trop appuyé, avant qui glisse, pneu qui crisse… mais, cul de la moto irrémédiablement collé au sol !

Le prof : « C’est bien, mais prends plus de vitesse et pense au transfert de ton corps »

Ok, je recommence…

« C’est bien mais, freine plus fort, avec un freinage quand même progressif au départ »

Ok, je recommence…

Le prof (quand tu as été à deux doigts de foutre la meule au tas) : « C’est bien, mais t’as pris le frein trop fort là quand même »

Putain, mais non c’est pas bien, j’ai le cul qui bouge pas d’un cm et c’est par terre que je vais finir par me transférer !!!!

Et puis, après avoir recommencé encore et encore, le miracle s’est à nouveau produit ! J’ai freiné, transféré mon body à la vitesse de la lumière et senti le cul de ma moto venir encore pousser mes épaules vers l’avant… instant magique… jusqu’à l’atterrissage de la roue arrière sur le sol… Ooooh purée, j’ai oublié que j’avais les gambettes trop courtes !

Ouf ! Rattrapage de justesse, mais la fin de la figure aurait pu être beaucoup moins glorieuse !

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Le Stoppie … çà, c’est fait ! Et, comme on dit, le meilleur pour la fin : à nous les wheelings à l’accélaration sur la Suzuki SV 650 !

La technique est beaucoup plus simple que celle de la cirette, car elle ne nécessite pas l’utilisation de l’embrayage, mais juste de la puissance de la moto (ce que font les kékés des pistes en général !). Le principe est d’accélérer jusqu’au régime moteur qui délivre le plus de puissance (mais très rapidement), de couper brutalement les gaz et de les remettre aussitôt. Comme en boxe, une sorte de « jab-jab » mais de la poignée de gaz ! Si l’écurie est bien remplie, même pas besoin de couper, une accèl’ franche et hop, c’est l’uppercut!

Et là, pas besoin de recommencer encore et encore, ça marche direct ! C’est pas une Ducat’, mais je dois avouer que j’ai bien pris mon pieds sur cette SV qui est bien pêchue !

17h30, purée j’ai pas vu le temps passer … il était temps pour nous tous de rendre nos motos d’acrobates et de méditer sur tous ces précieux conseils.

Meilleur note pour le king du jour, Guigui, qui s’est découvert un talent inné pour le stunt.

Mention spéciale et félicitations du jury pour Mel, qui a maîtrisé les stoppies avec brio.

Mais surtout, mention d’honneur à nos super profs, Marco et Franco, qui auront su rester d’une grande patience, malgré les chutes (on ne citera personne ;-) ) et nos divers gros mots crachés durant toute la journée !

Moi qui n’ai jamais été fan de danse classique, j’avoue être tombée sous le charme du ballet sur deux roues. Superman, One hand, Cancan, Nacnac, Flamingo, Frog, Captain america, No foot… autant de figures que de pas qui restent à découvrir!

J’ai même découvert qu’il existait une figure nommée « Serpillère », pour la spécialiste de la chiffonnette comme moi, le challenge est à relever ;-)

Lil’Viber ;-)

PS : amis stunters … chapeaux bas, c’est fort ce que vous faites!

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Un grand merci à Marco et Franco pour leur accueil et la super organisation de cette journée de cours ;-) Déjeuner du midi inclus dans le stage, possibilité de réserver un photographe pour immortaliser ces grands moments de cabrioles et de louer l’équipement nécessaire pour le stunt (genouillères…)

Plus d’informations sur le site de l’Ecole Mecanique Show (cliquer sur le lien) ou au 06 79 16 20 78

Crédit photos : Hadi L’Etang, Guigui